Il y a exactement 16 ans, le premier septembre 2004, j’ai regardé par ma fenêtre d’un petit appartement à Nyon la beauté du Léman. C’était une journée ensoleillée. Tout autour semblait respirer le bonheur. Me préparant pour aller à l’École de commerce, où j’enseignais à des apprenties de troisième année, j’ai écouté la radio. Après quelques notes de musique, c’était le tour des informations. Une nouvelle, étrange et inquiétante a troublé ce moment de bonheur. Quelque part en Russie, un commando pas encore clairement identifié, a pris en otage une école.

Une école ?

Le premier septembre en Russie, c’est la rentrée scolaire. Dans la tradition russe, c’est une belle fête à laquelle assistent les élèves, enseignants, mais également les parents et parfois, même ceux qui venaient de terminer les études scolaires.

Une magnifique tradition qui célèbre la quête du savoir.

Les élèves présentent les chants, les déclamations de poésies, parfois les danses. L’idée de la participation des grands qui ont terminé et qui transmettent le flambeau aux plus jeunes me plaît particulièrement.

Les nouvelles de la prise d’otages étaient confuses et très inquiétantes. Je me suis mis à rechercher d’autres informations sur l’Internet. C’était encore plus confus et de plus en plus inquiétant. Le nombre de personnes pris en otage grandissait. J’ai dû me rendre à l’école, mais dès que c’était possible j’ai essayé de quérir de nouvelles informations.

J’ignorais tout de cette partie de la Russie et j’ai mis un moment avant de retrouver sur la carte le nom de la ville où ces événements ont eu lieu – Beslan.

Dans la mémoire collective des peuples ou des nations, il y a des mots symboles.

Si aujourd’hui dans les pays occidentaux, et en particulier en France, on évoque le mot Bataclan, la première réaction n’est pas forcément, ah oui, un lieu de concert, mais le lieu d’une sanglante prise d’otages.

Il n’y a pas lieu de comparer et de donner le rang aux tragédies de l’humanité. Mais il est indispensable de rappeler :

qu’à Beslan plus de 800 enfants ont été pris en otage parmi les plus de 1200 personnes

que 365 personnes sont mortes, dont la majorité les enfants

que prendre en otage une école est un crime contre l’humanité

et qu’en tant qu’un crime contre l’humanité TOUTE l’Humanité est concernée.

Alors, ayant juste une pensée aujourd’hui, pour ces innocents qui ont perdu leur vie, pour ceux qui ont survécu et qui garderont pour toujours l’immense traumatisme de trois jours de détention dans les conditions dépassant l’entendement et le dénouement dans un bain de sang.

Pensant aux blessés qui portent sur eux les stigmates de cette barbarie.

Pensant aux familles dans le deuil, ces mères qui pleurent toujours leurs enfants disparus, parfais sous leurs yeux.

Beslan, ville martyre, doit être un avertissement pour nous tous.

Beslan est dans le cœur de l’Humanité.

Marek Mogilewicz

Premier septembre 2020, Suisse

Emission Temps Présent consacrée au Projet Beslan

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